Le design des milieux conçoit les comportements, les objets, les espaces, les images qui font sens dans la transformation, la création des milieux. Le milieu n’est pas l’environnement objectif, mais les termes (qui peuvent scientifiques, perceptifs, économiques, techniques, émotionnels etc.) dans lesquels celui-ci existe pour un certain être (espèce, individu, groupe humain, société…). Le design des milieux replace, re-situe le vivant (humains et non humains) dans sa relation au milieux. Il repose sur le double postulat suivant : d’une part, le milieu n’est pas une réalité donnée, cette dernière est construite par l’activité, d’autre part le monde actuel se présente à nous comme un ensemble hétérogène de milieux technicisés : un territoire rural, une ville, un hôpital, un site industriel, mais aussi une administration constituent de tels milieux.
Le design des milieux a alors pour objectif d’établir une relation non univoque entre « individus » et milieux : si le milieu est transformé par l’activité des individus, les « individus » sont ouverts et transformés par leur communication avec le milieu.
On annonce souvent aux designers qu’ils sont là pour innover. La fonction du nouveau recouvre des modes différents : la découverte pour la science, l’invention pour les techniques, la créativité pour le design. Chacun de ces modes a des développements singuliers, ils sont souvent discontinus et successifs pour l’invention par exemple. La créativité en design, elle, n’est pas la résolution d’un problème, c’est la reformulation d’un problème par un détour instrumental, un nouveau geste, une nouvelle manière de faire. Le progrès technique dans ce cadre n’est pas la voie univoque, il peut être trop orienté ; d’autres propriétés non explicites des objets, des espaces peuvent appeler une nouveauté plus indéterminée ou moins normée que les définitions admises du progrès. Ce cadre ou ces façons d’observer constituent les potentialités du design des milieux. En adoptant une démarche dans laquelle le milieu ne se présente pas comme préexistant aux relations qui s’y développe, le design des milieux a pour objectif de reformuler les questions ou les problèmes qui se posent à nous : transition climatique, qualité des milieux de vie, préservation de la biodiversité, développement économique, production raisonnée, éthique environnementale, lien social, fonctions collectives.
Le projet du design des milieux propose donc de s’interroger sur les besoins “réels”, de changer nos modes de vie par une pratique du design centré sur l’humain et la relation aux milieux de vie, de re-situer les objets et les solutions technologiques au sein des relations individus/collectivités / milieux.
Le rétablissement d’une communication entre les composantes d’un milieu est la recherche d’une relation juste entre des entités qui ne soit pas au bénéfice ou au détriment de l’une ou des autres . Le design des milieux n’est pas un nouvel anthropocentrisme.
L’orientation design des milieux a aujourd’hui 10 ans, elle née en 2014 et les programmes de recherches menés par le DMLab en découlent. Les étudiants sont donc au plus près de ces travaux.
Le département a particulièrement développé les travaux et les projets dans les directions suivantes :
Ethique du soin et care où plus d’une quinzaine de projets ( cursus ou diplôme) ont été menés par des étudiants depuis 2018 et ont eu lieu dans différentes institutions de santé ( Ephads, centre médico-éducatifs, fabrique de l’hospitalité à Strasbourg, service de pedo-psychiatrie à la Salpétrière à Paris, et au sein de diverses unités du CHRU de Nancy par exemple : services d’admissions, maternité centrale, centre psycho-thérapique, Unité transversale d’éducation thérapeutique du patient etc. )
Design des territoires et transition écologique où artisanat, reconsidération des savoir-faire se mêlent à des approches patrimoniales (moulothèques) et innovantes ( projets d’objets contemporain pour les étudiants). Où l’observation des ressources dégradées est ré-interrogée ( bois scolyté des Vosges, bassin versants etc.), où les ressources naturelles en ville sont examinées. Des projets se sont déroulés au Centre verrier de Meisenthal, au Centre européen de la vannerie de Fayl-Billot, au sein de la vallée aprenannte et tiers-lieux de La Vigotte Lab, avec Agro-Paris-Tech, au sein des services de la transition écologique de la métropole et du Grand-Nancy etc.)
